Rajeunissement du cou et du décolleté : de la médecine esthétique à la chirurgie
Le cou et le décolleté font partie des zones les plus révélatrices du vieillissement. La peau y est fine, peu protégée par les glandes sébacées, et très exposée au soleil, aux variations climatiques et au tabac. Avec le temps, apparaissent des ridules puis des rides plus marquées, des taches pigmentaires, des rougeurs diffuses et un relâchement cutané. Les muscles peauciers (platysmas) peuvent se détendre, créant des bandes verticales, tandis qu’un dépôt graisseux sous-mentonnier peut donner un aspect de double menton.
Dans le numéro 41 d’Anti-Age Magazine, j’ai été invité à faire le point sur les solutions médicales et chirurgicales permettant de rajeunir le décolleté.
- Mécanismes du vieillissement du cou et du décolleté
- Premières altérations cutanées : taches, ridules, photo-vieillissement
- Relâchement cutané faible à modéré : solutions intermédiaires
- Relâchement cutané important : indications chirurgicales
- Bandes platysmales : toxine botulique ou chirurgie ?
- Double menton : cryolipolyse, radiofréquence ou lipoaspiration
- Excédent cutané sous-mentonnier : excision médiane
- Ovale du visage et bajoues : comblement, lipoaspiration, lifting
- FAQ : rajeunissement du cou et du décolleté
1. Mécanismes du vieillissement du cou et du décolleté
Le vieillissement du cou et du décolleté résulte de plusieurs mécanismes associés :
– Vieillissement cutané intrinsèque : diminution progressive du collagène, de l’élastine et de l’acide hyaluronique, avec amincissement du derme et perte d’élasticité.
– Photo-vieillissement : effets cumulatifs des rayons UV responsables de taches pigmentaires, rougeurs, petits vaisseaux, épaississement ou au contraire fragilisation cutanée.
– Relâchement musculaire : le muscle platysma, qui tapisse la face antérieure du cou, se distend et peut se cliver en bandes verticales (bandes platysmales).
– Modifications de la graisse sous-cutanée : excès ou redistribution graisseuse sous-mentonnière donnant un aspect de double menton et altérant l’angle cervico-mentonnier.
Cliniquement, ces mécanismes se traduisent par l’apparition progressive de ridules, rides horizontales (« colliers de Vénus »), troubles pigmentaires, relâchement cutané, bandes platysmales et parfois double menton. L’évaluation du stade permet de proposer une stratégie graduée, allant des gestes de médecine esthétique à la chirurgie.
2. Premières altérations cutanées : taches, ridules, photo-vieillissement
Aux stades précoces, les anomalies sont essentiellement superficielles :
– photo-vieillissement (taches brunes, lentigos solaires, rougeurs) ;
– ridules et fines rides liées au manque d’hydratation et à la perte de collagène ;
– texture irrégulière, teint terne, manque d’éclat.
À ce niveau, l’objectif est surtout d’améliorer la qualité de la peau, son homogénéité et son hydratation profonde.
Lumière pulsée (IPL), lasers pigmentaires et vasculaires
La lumière pulsée et certains lasers ciblent les pigments (taches brunes) et les vaisseaux (rougeurs, télangiectasies). Ils permettent d’uniformiser le teint du cou et du décolleté, en réduisant les lésions pigmentaires et vasculaires liées au soleil.
Peelings superficiels
Les peelings doux à base d’acides de fruits (AHA) ou d’acide glycolique réalisent une exfoliation contrôlée. Ils lissent les ridules fines, affinent le grain de peau et redonnent de l’éclat.
Skinboosters
Les skinboosters sont des injections d’acide hyaluronique faiblement réticulé, réalisées en nappage dans le derme superficiel. Ils n’ont pas pour but de « remplir » mais d’hydrater en profondeur, d’améliorer la souplesse et la densité de la peau, et de prévenir la constitution des ridules.
Mésolift
Le mésolift associe acide hyaluronique non réticulé, vitamines, acides aminés et oligo-éléments. Injecté en micro-dépôts, il vise à revitaliser la peau, améliorer l’éclat, la fermeté et la tonicité du cou et du décolleté, en particulier chez les patients exposés au soleil ou au tabac.
Radiofréquence ou ultrasons à visée superficielle
La radiofréquence et certains ultrasons délivrent une chaleur contrôlée dans le derme, stimulant la néocollagénèse et la production d’élastine. À ce stade, ils sont indiqués lorsque le relâchement est débutant, pour retarder l’évolution vers un affaissement plus marqué.
3. Relâchement cutané faible à modéré : solutions intermédiaires
Lorsque le relâchement cutané devient visible mais reste modéré, les traitements visent à retendre la peau, améliorer sa densité et soutenir la structure, sans recourir d’emblée à la chirurgie.
Peelings superficiels ou moyens (TCA ≤ 20 %)
Les peelings au TCA (acide trichloroacétique) à faible ou moyenne concentration stimulent le renouvellement cellulaire et la synthèse de collagène. Ils doivent toutefois être utilisés avec prudence sur le cou et le décolleté, du fait de la minceur et de la fragilité de la peau dans ces zones.
Lasers fractionnés et lasers de réjuvénation
Les lasers fractionnés créent des micro-colonnes de coagulation, entourées de tissu sain, qui servent de base à une réparation et une néocollagénèse intense. Ils améliorent la texture, les fines ridules et la fermeté. Les lasers trop ablatifs sont en revanche à éviter sur le cou et le décolleté.
Acide hyaluronique moyennement réticulé
Injecté de manière très contrôlée, l’acide hyaluronique moyennement réticulé peut corriger certaines rides du cou et du décolleté, tout en respectant la mobilité et la finesse de la peau. L’objectif est de lisser sans alourdir ni figer.
Microlipofilling / nanofat
Le microlipofilling consiste à réinjecter de très petites quantités de graisse autologue purifiée, pour restaurer des micro-volumes et améliorer la trophicité cutanée. Le nanofat, obtenu après émulsification de la graisse, est particulièrement intéressant pour son effet régénératif : il apporte des facteurs de croissance et des cellules stromales pouvant améliorer la qualité et l’épaisseur de la peau.
Fils tenseurs résorbables
Les fils tenseurs résorbables repositionnent légèrement les tissus et induisent une fibrose contrôlée, stimulant la production de collagène. Ils sont indiqués dans les relâchements faibles à modérés, pour redéfinir de façon subtile l’ovale du visage et la ligne cervicale. La durée d’effet est généralement de l’ordre de 18 à 36 mois.
4. Relâchement cutané important : indications chirurgicales
Au-delà d’un certain degré de relâchement cutané et musculaire, en particulier après 50 ans ou après une perte de poids importante, les techniques de médecine esthétique ne suffisent plus. Le traitement de référence devient alors chirurgical.
Lifting cervico-facial
Le lifting cervico-facial corrige le relâchement du bas du visage et du cou. Le principe est :
– de décoller et retendre la peau de manière harmonieuse, sans tension excessive ;
– de remettre en tension les structures profondes, notamment le muscle platysma au niveau cervical ;
– de retirer l’excédent cutané pour restaurer un angle cervico-mentonnier net et un ovale mieux dessiné.
Le résultat est un rajeunissement global, avec un cou plus défini et une disparition des plis cutanés majeurs, dans le respect de la morphologie du patient.
Gestes associés : lipoaspiration et lipofilling
La lipoaspiration sous-mentonnière peut être associée pour traiter un double menton et affiner la région cervicale. Un lipofilling ciblé (injection de graisse autologue) permet, si besoin, de restaurer certains volumes du bas du visage, afin d’harmoniser l’ensemble.
5. Bandes platysmales : toxine botulique ou chirurgie ?
Les bandes platysmales correspondent à la visibilité exagérée des bords ou faisceaux du muscle platysma, donnant des cordes verticales sur la partie antérieure du cou. Leur prise en charge dépend de leur mécanisme.
– Si les bandes apparaissent ou se majorent à la contraction (lorsque le patient serre les dents ou tire le cou vers le bas), elles sont en grande partie fonctionnelles.
– Si elles sont visibles au repos, associées à un relâchement cutané important, la composante structurelle et la distension cutanée sont majeures.
Toxine botulique
Lorsque les bandes sont principalement dues à une hypercontraction du platysma, des injections de toxine botulique permettent de relâcher le muscle et d’atténuer la visibilité des cordes, avec un effet temporaire renouvelable.
Chirurgie (lifting cervical ou cervico-facial)
En cas de bandes platysmales permanentes liées à un relâchement cutané non rétractile, la chirurgie est préférée. Le lifting cervical ou cervico-facial permet de réapprocher les bords du platysma, de le remettre en tension et de redraper la peau.
6. Double menton : cryolipolyse, radiofréquence ou lipoaspiration
Le double menton est lié à un excès de graisse sous-mentonnière, parfois aggravé par une petite projection du menton ou un relâchement cutané associé.
Cryolipolyse et radiofréquence
Pour de petits volumes graisseux, chez des patients avec une peau encore tonique, la cryolipolyse (destruction des adipocytes par le froid) ou certains dispositifs de radiofréquence peuvent réduire l’épaisseur graisseuse et améliorer le contour.
Lipoaspiration sous-mentonnière
La lipoaspiration sous-mentonnière permet un traitement plus net des excès graisseux. À travers de petites incisions, la graisse est aspirée de façon homogène. Une rétraction cutanée secondaire survient généralement dans les mois qui suivent, contribuant à redéfinir la ligne mandibulaire.
Dans certains cas, la lipoaspiration est associée à un lifting cervico-facial pour traiter simultanément l’excès de peau et le relâchement musculaire.
Association à une génioplastie
En présence d’un menton fuyant, une génioplastie d’avancement peut être proposée en complément, afin d’optimiser l’équilibre du profil et l’angle cervico-mentonnier.
7. Excédent cutané sous-mentonnier : excision médiane
Lorsque l’excès cutané sous-mentonnier est très important, une lipoaspiration isolée risque d’accentuer la distension de la peau. Dans des cas bien sélectionnés, une excision cutanée médiane sous-mentonnière peut être indiquée :
– elle consiste à retirer directement le surplus de peau dans le pli sous-mentonnier ;
– elle peut être associée à un geste sur le platysma ou à une lipoaspiration complémentaire.
Cette technique est réservée à des indications spécifiques, du fait de la cicatrice médiane sous le menton qu’elle induit.
8. Ovale du visage et bajoues : comblement, lipoaspiration, lifting
Le vieillissement du cou ne peut être dissocié de celui de l’ovale du visage. L’apparition de bajoues, la perte de définition mandibulaire et l’alourdissement du bas du visage contribuent à un aspect fatigué.
Comblement (acide hyaluronique ou lipofilling)
En présence d’une perte de soutien latéral, un comblement par acide hyaluronique ou par lipofilling permet de recréer des points d’ancrage et de soutien autour de la bajoue, redessinant la ligne mandibulaire de manière subtile.
Lipoaspiration localisée
En cas d’excès graisseux localisés sur les bajoues, une lipoaspiration ciblée peut affiner le bas du visage et alléger l’ovale.
Lifting cervico-facial
Lorsque l’on associe relâchement cutané, distension musculaire et excès graisseux, le lifting cervico-facial reste le traitement le plus complet pour restaurer un ovale net et un cou mieux dessiné.
9. FAQ : rajeunissement du cou et du décolleté
Combien de temps durent les résultats des traitements de médecine esthétique du cou ?
Selon la technique, les résultats durent en moyenne de 6 à 12 mois pour les skinboosters, mésolifts et toxine botulique, et jusqu’à 18–36 mois pour certains fils tenseurs. Ils peuvent être prolongés par des séances d’entretien adaptées.
À partir de quel âge envisager un lifting cervico-facial ?
Il n’existe pas d’âge « idéal ». Le lifting est envisagé lorsque le relâchement cutané et musculaire est suffisamment marqué pour que les traitements médicaux ne soient plus satisfaisants. Chez certains patients, cela survient après 50 ans ; chez d’autres, plus tôt ou plus tard, selon la génétique et l’hygiène de vie.
Les traitements du cou et du décolleté sont-ils douloureux ?
La plupart des actes de médecine esthétique se réalisent sous anesthésie locale ou crème anesthésiante et sont peu douloureux. Le lifting cervico-facial nécessite une anesthésie plus profonde, mais la douleur postopératoire reste en général modérée et bien contrôlée.
Combien de temps faut-il pour reprendre une vie sociale après un lifting cervico-facial ?
Un œdème et des ecchymoses sont fréquents pendant 10 à 15 jours. La reprise d’une vie sociale « discrète » est possible en général au bout de 2 à 3 semaines, le résultat s’affinant progressivement sur plusieurs mois.
Comment prévenir le vieillissement du cou et du décolleté ?
La protection solaire quotidienne, la limitation du tabac, l’hydratation régulière et des soins adaptés (peelings doux, skinboosters, mésolift) permettent de ralentir le vieillissement et de repousser le recours à des gestes plus invasifs.
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Conclusion et prise en charge personnalisée
Le rajeunissement du cou et du décolleté repose sur une analyse minutieuse de la qualité de la peau, de la musculature et des volumes graisseux. Les solutions vont des traitements de médecine esthétique aux gestes chirurgicaux plus complets, en passant par des techniques intermédiaires (fils tenseurs, microlipofilling). Une consultation spécialisée permet de définir un plan de traitement progressif, adapté au stade de vieillissement et aux attentes de chaque patient.
Publication dans Anti-Age Magazine
L’article complet est à retrouver dans :
Anti-Age Magazine – n°41 (janvier-février-mars 2021)
Titre : Un cou et un décolleté rajeunis
À propos du Dr Jean-Philippe Binder
Chirurgien plasticien à Paris.
Spécialisé en chirurgie esthétique et reconstructrice du sein.
Praticien à l’Institut Curie et en exercice libéral.
Membre de la SOFCPRE.
Référence presse
Article : Un cou et un décolleté rajeunis
Publication : Anti-Age Magazine n°41 – Janvier / Février / Mars 2021
Auteur : Dr Jean-Philippe Binder
📸 Crédits visuels : Anti-Age Magazine / Dr Binder






